Journal d'un cobaye, Ma vie est une expérience

A. J. Jacobs

Éditions Jacqueline Chambon

  • Conseillé par
    29 août 2010

    Un livre expérimental au sens propre

    Bonjour A.J.

    Je viens de tourner la dernière page de ton livre « Journal d’un cobaye ». Total respect. Pendant près d’une année, tu as décidé de te livrer à des expériences toutes aussi farfelues les unes que les autres.

    Petit résumé :

    - Ma vie dans la peau d’une jolie fille. Où tu trouves que ta baby-sitter est super-canon, et que ce serait bien qu’elle trouve un petit-ami, (je crois que l’erreur est là en fait AJ). Tu te fais passer pour elle, avec son accord, sur des sites de rencontres et tu réponds aux messages des prétendants, éliminant sans pitié les hommes aux chapeaux, ou ceux qui n’ont pas confiance en eaux. Tu décides aussi de qui elle va rencontrer. Et cela pendant près d’un mois.

    Babysitter

    - Ma vie délocalisée. Ici c’est une adaptation du best-seller de Thomas Friedmann, la terre est plate, où l’auteur explique que finalement nous n’avons jamais été aussi proches les uns des autres et que les activités de service vont progressivement être délocalisées. Ce que l’on peut constater dans les centres d’appels, le monde de l’animation… Pendant ce mois, tu demandes à tes assistantes de gérer ta vie à ta place. Appeler Julie, ton épouse, pour t’excuser de ton comportement, prendre contact avec ton boss. Comme cette société au clip très flatteur et qui devrait peut-être délocaliser en Europe ses créatifs publicitaires.

    - Je te trouve grosse. Voilà le chapitre qui aura le plus transformé ma vie AJ : ton projet honnêteté radicale, lire ici. Depuis je n’arrête plus de dire la vérité : Le monde est amour, je n’ai pas tiré la dernière fois, tu as une crotte dans le nez. Autant dire que mon cercle d’amis s’est considérablement réduit depuis le chapitre de ce livre. Mais cela tombe bien, je ne les aimais pas en fait.

    - Mes 240 minutes de célébrité. Où tu te fais passer pour quelqu’un que tu n’es pas mais à qui tu ressembles. Tu vas à une cérémonie de remise de prix et les gens t’accostent, te demandant des autographes, parfois aussi des orthographes parce qu’ils savent que tu es bon en anglais, tu te fais interviewer à la place de l’acteur en question. Et ce dernier, grand prince, t’envoie un message de remerciement pour l’avoir remplacé lui qui n’aime pas les mondanités. Un jour on m’a dit que je ressemblais à Madonna ou bien à Maradona, je ne sais plus cette portugaise parlait l’anglais comme une vache espagnole, mais je crois bien que dans les deux cas, se faire passer pour l’un deux paraîtrait un peu bizarre.

    - Le projet rationalité. Notre cerveau est composé de deux parties, la partie 1 et la partie 2. La première est l’instinct, ce qui nous rapproche du néandertalien, rien qu’à écouter nos émotions, à taper d’abord et à poser les questions ensuite. La seconde est plus évoluée, elle rationalise, réfléchit, soupèse, pense. Pour résumé, le premier c’est l’homme, le second la femme. Pouf, pouffe. A la fin du livre, tu dresses une liste imposante de biais cognitifs auxquels nous sommes soumis donc celui-ci : le biais de corrélation illusoire. Explications. Quand nous sommes dans une file d’attente qui avance moins vite que les autres, on oublie toutes celles que nous avons empruntées, en les rendant à leurs propriétaires, repouf-pouf, et qui, elles, avançaient très bien.

    - Le projet nudité. On vit mieux nu que pas. Où tu racontes que ton magazine, Esquire, a proposé à une célébrité, Mary-Louise Parker, (ci-dessous) qui joue notamment le rôle d’une lobbyiste des droits des femmes et de l’écologie dans la série A la Maison blanche, de poser nue. Elle accepte à la condition que tu fasses pareil. Tu ne te laisses pas démontrer, du moins avant la parution, et tu acquiesces. Applaudissements.

    - Le projet mono-tâches. Au moment où j’écris cet article, je suis en train de boire un café, installé dans mon bureau, en écoutant MGMT, avec devant moi des dessins de mes filles que je regarde quand mon regard s’échappe de l’ordinateur, de temps en temps je vérifie mes mails, un instant je reviens… Oui, bonjour, très bien, pas de problème, bonne journée à vous. Une personne vient d’appeler, j’ai répondu, elle s’était trompée de numéro. Peut-être qu’elle a la maladie d’Alzheimer, peut-être qu’elle a fait un numéro au hasard pour entendre une voix chaleureuse… trouver des excuses aux gens pour leur comportement, vocaliser sa colère, permet d’atténuer le stress. Valable en toutes circonstances. Degré de dangerosité sociale : important si vous vocalisez dans la rue pour trouver une excuse au chien de votre voisin pour avoir sali le trottoir.

    - Le projet soumission. Pendant un mois, tu t’es soumis à ta femme. Rien que pour cela AJ, je pense que tu dois aller tout droit en enfer, ce qui doit te rappeler ton année vécue à vivre selon la Bible. C’est donné un bâton pour se faire battre. Bien que ce projet ne me soit désormais plus possible, cela me semble difficilement acceptable de demander à un homme de se soumettre pendant un mois aux désirs, d’ailleurs finalement très matériels, utiliser la télécommande, faire le repassage, de son épouse. Degré de dangerosité sociale : hyper-important, cela bouleverserait la trajectoire de nos existences. (A mes filles : si vous lisez ce message dans une quinzaine d’année, dans une quinzaine d’années, j’ai dit, parce que vous n’en aurez pas eu besoin avant. Le projet soumission doit être votre priorité, vous saurez alors si l’homme que vous aimez vous aime en votre retour, ou bien s’il cherchait une mère de substitution).
    L’année où j’ai vécu selon la Bible – A.J. Jacobs sélectionné dans Actualité et Culture

    - Maintenant qu’on se dit tu, j’aimerais te remercier. Ton précédent bouquin m’était tombé des mains, trop de tohu-bohu*, le soir ou bien au chant du coq*, je te fais le bouc-émissaire*, le bouquet de misères, mais David contre Goliath* ne faisait pas le poids. Et c’est donc tel un chemin de croix* que j’ai lu le livre partiellement. Je cesse là mes jérémiades*, et ne vais pas pleurer comme une Madeleine *, ou m’en laver les mains*, rendons à César ce qui est à César*, et à Jacobs ce qui est à Jacobs, un véritable filon éditorial, basé sur l’expérience, c’est drôlatique et finement écrit. J’attends avec impatience la traduction de l’Encyclopédie de A à Z, où tu racontes comment tu as lu toute l’encyclopédie de A à Z, cela aurait-il un rapport avec le titre du livre ?

    Joyeux Hanoucca