Pascale B.

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11 septembre 2023

« L’embochée »

Chartres 1944.
Simone Grivise a 23 ans, est arrêtée pour conduite antinationale, soumise à une tonte humiliante en public au lendemain de la seconde guerre mondiale.
« La Tondue de Chartres » du photographe Robert Capa a inspiré ce roman à Julie Héraclès qui nous offre une rétrospective de ces 23 années de vie. Elle présente Simone, la mère, le vieux, la sœur…. Les rencontres qui l’ont influencée. Toute jeune, elle se démarque par sa rébellion, sa naïveté teintée d’une détermination farouche à échapper à sa condition modeste. Elle fait rapidement des choix personnels et audacieux et apprend de ses déboires.
La maîtrise de l’écriture, la narration prenante et rythmée, ainsi que la fluidité de l’alternance des époques, font que le lecteur dévore le parcours de Simone et s’attache aux autres personnages. L’intrigue conserve, malgré la fin annoncée d’emblée, le suspense tout au long du récit.
Premier roman historique et romanesque de l’auteur, une réussite, dont l’objectivité sert avec brio une mise au point sur le destin d’une femme assoiffée d’avenir et prête à tout par amour.

« Ces visions m’assaillent depuis des jours. Elles dansent la gigue dans mon cerveau, elles me trouent les entrailles »

« Mon estomac broie du rien et ça fait un mal de chien »

18,00
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7 septembre 2023

Mise au point

Lors d’un diner, deux couples se réunissent. Claudia et Etienne accueillent Johar et Rémi.
Alors que Claudia, extrêmement réservée, reconsidère sa relation amoureuse avec le vaniteux avocat Etienne ; l’autre couple s’effiloche, éloignant Johar en pleine réussite de l’infidèle Rémi.

Ce huis clos presque théâtral suit les trajectoires de personnes emprisonnées dans des modèles sociaux concernant le couple, la vie professionnelle, la carrière des femmes, la réussite…

La méthode narrative de l’auteur se caractérise par des descriptions détaillées qui rendent le banal significatif, avec un style concis et visuel. Il installe habilement la tension, révélant progressivement les réalités et secrets de chacun, les non-dits et les frustrations.

Le lecteur est le témoin d’un « dîner d’amis » tournant progressivement au désastre, habilement dévoilé par étapes. Une soirée déterminante pour deux femmes très différentes qui se rejoignent pour en décider autrement ; dont le dénouement est un point de bascule vers un nouveau départ.

18,90
Conseillé par
6 septembre 2023

Les mains de la mer

Dans ce roman autobiographique et intime, A.N. partage sa passion pour les oiseaux depuis l’enfance, au gré de nombreux pays traversés par un père gouverneur proche de la population ; mais revient aussi sur les épisodes douloureux de sa vie pour lesquels la littérature a servi de bouée de sauvetage, jusqu’à la guider vers l’au-delà…

Amélie dissèque son existence singulière, nouvelle surprise littéraire dans son style unique et personnel, où le vocabulaire est choyé.

Dans ce récit philosophique, grave et pudique, rythmé et audacieux, l’émotion est palpable. Il est la substance même d’Amélie Nothomb.

« Le cormoran de ce littoral, c’était moi. Je plongeais à toute occasion. Nager, c’était voler sous l’eau »

« La grande mission d’un oiseau consiste à approfondir son pouvoir psychopompe. J’en suis encore au stade de bricolage »

« L’engoulevent était un expert du camouflage. La couleur de son plumage le rendait invisible. Si je ne l’avais pas vu, cela prouvait qu’il était là »

« A force de méditer sur la gent aviaire, quelque chose se fissurait en moi. Ouvrir l’œuf à la coque du matin devenait un exercice philosophique »

Eden Levin

Les Éditions Noir sur Blanc

22,00
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4 septembre 2023

Fusils d’assaut

Un collectif révolutionnaire, nommé « Jeudi », est fondé par trois étudiants en théâtre en quête de reconnaissance. Une succession infortunée d’évènements vient contrarier leur projet et les opposer à d’autres révolutionnaires déterminés à en découdre.

Le roman se déploie à travers des voix variées : les narrateurs Alex et Valencia, Elena via le manifeste, des extraits de journaux, des comptes rendus judiciaires, des scènes théâtrales… autant de voix mobilisées pour dénoncer les excès de la société de consommation avec une perspicacité mordante et une autodérision subtile.

Roman révolutionnaire inclassable par son audace et son exagération, son second degré.

Le lecteur est emporté dans les péripéties cocasses et cruelles de ces apprentis révolutionnaires.

En dépit d’un langage souvent vulgaire et une autodérision récurrente, l’auteur transmet des réflexions pertinentes sur le système capitaliste, sa violence omniprésente et son pouvoir tentaculaire.

Le texte se révèle atypique et dynamique, alternant brutalité et moments d’introspection, explorant sans compromis les failles du monde contemporain.
Les personnages dépeints sont à la fois impuissants et en rébellion, porteurs de rêves utopiques

Derrière ce chaos soigneusement orchestré se cache une réflexion profonde et percutante.

« La voiture se pose ainsi comme un triste symbole, briseuse de corps et de grèves, héraldesse mécanique de la fin des libertés de ceux qui la fabriquent. Et pour tout ça nous la brûlons… Nous les brûlons parce que le genre humain ne se laissera pas mourir sans chant de cygne »

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2 septembre 2023

Empire et confédération

Félix, orphelin, découvre son identité. Edgar décide de l’accompagner dans sa quête. Ils quittent une ville en désordre, unis par leur amitié et leur optimisme.

Bravant les périls dans leur périple hardi vers la frontière, les deux personnages suscitent l’empathie, l’un candide et émouvant, l’autre plus inconstant et singulier, et se complètent.
Leur quête de liberté se dresse en opposition à l’impérialisme, à l’extrémisme et à l’obscurantisme ; tandis que leur fraternité défie l’intolérance dans ce monde obscur.

L’écriture coule avec aisance, souvent empreinte de poésie, leur aventure captive, l’atmosphère de méfiance et la vulnérabilité de la population sont dépeintes de manière convaincante, mais n’entame pas notre capacité à espérer…

« Edgar s’envolait à présent. Il s’échappait, reniant tout, galopant dans sa fuite. Surplombant le vide, il avançait en funambule, comme sur un fil tendu au-dessus des linceuls »

« À force de brasser tout le vent des montagnes, il n’en restera plus pour les moulins »