Longue sécheresse

Cynan Jones

Joëlle Losfeld

  • Conseillé par
    11 janvier 2011

    Sur la couverture de ce roman, c’est l’œil en gros plan d’une vache que l’on voit. Un œil sombre, ourlé de poils blancs qui ressemblent à des herbes folles sur une dune. Car c’est une vache qui ouvre ce récit. Ou plutôt sa disparition. Gareth se lance alors à sa recherche, par une chaude journée d’été. Suivant des pistes, remontant le cours de ses pensées, sa recherche se mêle aux soucis qu’il éprouve, pour sa femme, pour sa ferme, pour tout ce à quoi il tient.

    C’est un livre au motif presque futile mais pourtant très attachant. L’écriture, ample et sereine, y est pour beaucoup car on est tout de suite dans les pas de Gareth et très vite, cette ferme, cette vie, c’est un peu la nôtre. Il faut accepter de le lire comme on suit des pensées qui dérivent, passer du Lapin à la Roue du tracteur et de la Taupe aux Canards, car telles sont les têtes de chapitre… pour finir par revenir, le soir, en compagnie de Gareth qui aura retrouvé sa vache.

    "Elle voit le chat couper avec ruse par la pelouse. Cela fait longtemps que les enfants tourmentent le chat de leurs actes de terrorisme doux. Pour se défendre, il avait adopté une forme de cynisme placide, un peu bourgeois ; de plus, comme il ne décolérait pas de s’être fait couper les bonbons, il arpentait la ferme à pas lents, pour braver son émasculation, tel un tigre : c’est une arme formidable, dans la nature, de donner l’impression qu’on peut déposer un poids considérable tout en douceur."


  • 27 décembre 2010

    Un récit marquant

    C’est un récit marquant qui nous mène sur ces terres rendues arides par la sécheresse, ces terres auxquelles Gareth tient tant, cette ferme qui donnent la migraine à Kate, cette ferme que leurs fils veut fuir mais vers laquelle il revient inexorablement, ces terres qui offrent des champignons qui ressemblent à des colombes à Emmy, leur petite-fille. Les descriptions de cette nature omniprésente sont magnifiques, l’homme n’étant que la partie d’un tout immense qu’il tente de s’approprier.

    « Au-dessus des collines, derrière la ferme, le jour pointait. Ce n’était qu’un éclaircissement de la nuit très noire qui ravivait l’éclat des étoiles, les faisait vibrer comme une gorge d’oiseau et produire une lumière très forte, pour leur taille minuscule. Il s’était aperçu que la vache avait disparu. » (p. 11)

    Les êtres dans ce monde sont soumis aux forces de la nature, aux aléas du destin et des maladies qui provoquent des fausses couches chez les vaches comme chez les femmes.

    Mais ce qui différencie les hommes des bêtes est cette capacité à transformer la mort en amour. Gareth reste persuadé que la mort de sa première femme a forgé son père plus sûrement que toute autre chose :

    « C’était de là que venait la force d’aimer de son père, et sa capacité à être tellement heureux du simple fait d’avoir une famille. » (p. 99)

    « Nous devons admettre notre amour immense pour les gens. Si nous n’avons jamais besoin de connaître sa profondeur, nous ne ferons que sentir la lumière à sa surface. » (p. 99)

    Ainsi, Cynan Jones nous apprend que la beauté est aussi tapie derrière les larmes, au-delà de la tristesse et de la mort…

    Ce que j’ai moins aimé :

    - La dureté de cette vie qui n’épargne personne est assez désespérante, et c’est seulement plus tard, après avoir reposé ce roman que j’en ai compris toute la force…


  • Conseillé par
    9 novembre 2010

    Quand Gareth se lève, il s’aperçoit qu’une des vaches a disparu. Gareth est fermier et sa famille vit dans l’ancienne maison de son père. Il part à travers champ à la recherche de la vache et c’est un tout un panel de réflexions, de souvenirs qui lui viennent à l’esprit.

    Ce livre aurait pu s’intituler une journée à la campagne... Pas la campagne bucolique et de jolies filles aux robes fleuries assises à l’ombre d’un pommier. Non, ici c’est l’autre côté du décor : la ferme, les animaux et les contraintes. Gareth se pose des questions sur l’avenir et le présent, remontant le fil de la mémoire. La vie de son père et ses choix lui viennent régulièrement à l’esprit. Il est préoccupé : sa femme Kate s’éloigne de lui, son fils montre peu d’intérêt pour la ferme. Il y a sa fille, Emmy, une enfant douce et attachante. Pour Kate, il s’agit de l‘heure des remises en question sur sa vie de femme. Le tout regorge de descriptions sur les animaux, la nature. Pour avoir passé du temps dans les fermes quand j’étais enfant, ce sont autant de souvenirs qui ont ressurgi. Je me suis attachée aux questions que se pose Gareth sur l’avenir. Ce sont des questions que j’ai déjà entendues, des préoccupations que connaissent beaucoup de fermiers. Tout n’est pas rose …
    Une lecture qui sent les meules de foin, la terre labourée et qui, vous le comprendrez, a trouvé des échos en ma personne …
    J’ai aimé suivre Gareth et Kate. Un livre où l’humilité envers la nature est omiprésente.