L'attente du soir

Tatiana Arfel

José Corti

  • Conseillé par
    11 novembre 2015

    Un livre unique et merveilleux !

    Ils sont trois personnages qui vivent à l’écart du monde volontairement ou non. Il y a d’abord Giacomo dresseur de caniches et compositeur de symphonies parfumées. Le cirque est toute sa vie. Son père avant lui était clown comme lui. La mort accidentelle de sa mère trapéziste parvenue alors qu’elle était jeune a plongé son père dans une tristesse qui l’a éloigné du monde du cirque. Giacomo a pris la relève directeur de ce monde ambulant qui s’arrête dans les villes et villages pour offrir un peu de bonheur aux gens. Agé de plus de cinquante ans, il cache ses blessures. Sa vraie et belle humanité dissimule son côté fataliste sur le malheur et la mort.

    Melle B. a vécu une enfance aseptisée sans amour et sans que ses parents la regardent dans les yeux. Elle a grandi invisible aux yeux des autres avec un grand vide à l’intérieur d’elle. Sans avoir eu accès au mode d’emploi de la vie, la fadeur et la routine sont son quotidien. Une femme devenue crayeuse, grise que l’on ne remarque pas. Seules les tables de multiplication qu’elle se récite parviennent à chasser son angoisse.

    Et puis il y a le môme qui a vécu sur un terrain vague, enfant abandonné sans personne pour s’occuper de lui. A la mort du petit chien qui lui tenait compagnie, affamé, il est obligé de s’aventurer dans la ville. Il ne sait pas parler sauf aboyer, les gens pour lui sont des ombres et il ne sait rien du monde. Mais les couleurs remplacent les mots qu’il n’a pas, il pense et se définit à travers les teintes et ses peintures sont le reflet de ses émotions.

    Les chemins de ces trois personnages qui chacun portent leur lot de souffrances vont se rencontrer. L’auteur offre tour à tour à chacun la parole pour se raconter et nous raconter ce qui va se tisser.
    Malgré la solitude, la souffrance, la noirceur et la folie menaçante, la beauté existe et s’offre à nous. Une lecture avec sa part de magie douce comme celle qui faisait briller nos yeux d’enfants et où les couleurs s’invitent tout naturellement. Tatiana Arfel avec une écriture délicate, poétique et sensible qui fait mouche m’a touchée-coulée. Un premier roman dont on sort le coeur vrillé d’émotions mais avec un sentiment d’apaisement et de beauté lumineuse.

    Merci à Julien de Dialogues de m'avoir fait découvrir ce merveilleux livre !


  • Conseillé par
    21 février 2011

    Coup de coeur!

    Une véritable pépite que ce roman!!

    Avec une écriture sensible et très touchante, Tatiana Arfel nous raconte le parcours de ces trois personnages très attachants qui vivent chacun à leur manière dans leur monde, à l'écart des autres.

    Le thème de l'identité est très présent dans ce roman, entre Giacomo qui n'existe qu'en tant que clown, Melle B qui n'existe pour personne, et le môme qui vit seul à la façon d'un animal.

    Le regard a beaucoup d'importance, car c'est justement celui des autres qui les fait exister de cette manière.

    Les trois personnages se retrouveront pour un "tableau" final émouvant.

    Un très beau roman, rempli de sentiments, de sensibilité et de couleurs!