Feu de camp

Julia Franck

Flammarion

  • Conseillé par
    18 avril 2012

    Comme tout un chacun, j’aime lire une fiction historique de temps en temps, en apprendre plus sur un pan de l’histoire méconnu ou pas. On voit pas mal de romans qui ont pour époque la 1ère ou la 2nde guerre mondiale, mais j’avoue que je n’avais jamais rien lu sur le mur de Berlin, du temps où RDA et RFA se faisaient face. C’est chose faite avec le roman de Julia Franck « Feu de camp », auteure qui a vécu à Berlin-Est en ce temps-là, on peut donc imaginer qu’elle connait bien son sujet.

    Et c’est vrai que le roman est très intéressant d’un point de vue historique, le récit nous emmenant sur les traces d’une jeune femme qui décide de passer à l’Ouest avec ses enfants, à la suite du décès de son mari. A partir de là, l’auteure nous narre les interrogatoires obligatoires des deux côtés du mur, la suspicion, les fouilles au corps puis les difficultés de la vie dans les camps de réfugiés (et oui, on ne vous laissait pas « juste » passer de l’autre côté sans une enquête minutieuse).

    Le récit est vraiment révoltant dans ses détails, on vous radiait pour vous désinfecter et être sûr que vous ne passiez rien de compromettant de l’autre côté, on vous humiliait pour vous soutirer tout ce que vous saviez. Le pire étant que les Etats-Unis n’avaient rien à envier à l’Allemagne quant à ces tortures psychologiques. Bref, on vous traitait comme un terroriste, c’est vraiment choquant ! Le témoignage des différents narrateurs, fortement inspirés de la réalité des faits est bouleversant et pudique. L’auteure se surjoue à aucun moment, on est loin du pathos larmoyant, au contraire, la narration s’avère convaincante.

    Le roman est découpé en plusieurs chapitres, qui offrent chacun un point de vue différent. Il y a Nelly Senff, la jeune maman, Krystyna Jablonowska la violoncelliste qui a du abandonner ses rêves pour soigner sa famille, John Bird l’agent de la CIA qui n’est pas insensible aux charmes de Nelly, Hans Pischke, un jeune homme un peu étrange. Entre les tickets de rationnement, la promiscuité partagée des chambres, les profiteurs du système, le roman ne faiblit pas une minute. Là, où le bât blesse, c’est dans l’écriture (ou la traduction ?) qui malheureusement n’a rien de fluide. Ce sont des fautes de syntaxe, des phares qui ne veulent rien dire, des expressions mal-à-propos, bref le rythme devient haché, on bute sur les mots, c’est la grosse bête noire du roman ! A tel point, qu’on n’a franchement envie de lâcher le roman plus d’une fois. Dommage, car l’histoire est fort intéressante et le témoignage de cette époque bien mené.