Journal intime du capitalisme
EAN13
9782862315300
Éditeur
MAURICE NADEAU
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Journal intime du capitalisme

Maurice Nadeau

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« Il fallait bien se rendre à la réalité visible et vérifiable : chaque jour
j’écrivais dans ces journaux-là que je n’aimais pas une histoire dont je ne
voulais pas, et qu’ainsi à ma mesure minuscule, comme beaucoup de gens, je
contribuais à faire advenir ». Eve Charrin a longtemps écrit dans des
hebdomadaires financiers, alors qu’elle rêvait pour elle-même d’une tout autre
vie, d’un tout autre engagement. « Je ne suis pas dupe », se répète-t-elle
sans cesse. Mais cette distance avec soi-même, que creuse-t-elle au fil du
temps ? Que révèle-t-elle de notre histoire ? Quelles autres vies inventons-
nous pour survivre à un environnement professionnel qui va à l’encontre de ce
que l’on pense être. Peut-on être double à soi-même très longtemps ? Et quels
sont les dégâts que cela cause en nous et autour de nous ? Ces questions, ce
sont aussi celles de ceux qui, nombreux, éprouvent la même chose que la
narratrice et forment une cohorte dont les membres semblent s’identifier
secrètement, par des signes ou des mots échappant soudain à leur auteur. Ainsi
rencontre-t-elle par exemple une avocate d'un grand cabinet d'affaires qui
tracte la nuit à la LCR... Dans ce récit sensible à l’humour grinçant, Eve
Charrin explore toutes les petites compromissions que l’on commet et interroge
avec beaucoup de finesse la responsabilité de chacun dans une histoire qui
finit par ne plus nous appartenir. Elle a écrit d’abord dans la presse
économique (Challenges , occasionnellement Alternatives économiques). Elle
contribue également à la revue Esprit et à La Quinzaine littéraire6, y compris
une chronique, « Zone de turbulences », jusqu’en 2016. Elle a écrit ensuite
très régulièrement dans les pages « Idées » et « Culture » de Marianne et dans
le magazine Books , où elle a animé une rubrique. Elle a aussi publié dans
L'Obs, dans la revue XXI (des enquêtes sur Pascal Lamy, sur la City de
Londres, sur le rapport au travail ; de grands entretiens avec Arundhati Roy,
David Graeber), ainsi que dans la revue Le Crieur Depuis 2020, elle anime un
atelier d’écriture de non-fiction à l’Université de Paris-Diderot. En 2007,
après un séjour de trois ans à New Delhi, elle publie L’Inde à l’assaut du
monde (Grasset). Cet essai-enquête montre que le caractère inégalitaire de la
société indienne, marquée par le système des castes, ne fait pas obstacle à
l’émergence économique du pays (telle que la mesure le PIB). Pourvue d’élites
diplômées et anglophones, l’Inde du début du xxie siècle profite en effet de
la mondialisation en exportant ses services à haute valeur ajoutée
(informatiques notamment) à des tarifs compétitifs. En 2013, elle publie La
voiture du peuple et le sac Vuitton (Fayard). Ce recueil d’essais et de
nouvelles mêle fiction et non-fiction en évoquant une quinzaine d’objets
significatifs de la mondialisation, parmi lesquels un écran, une besace
militante, un sac Vuitton, un tabouret Tam-Tam, un sac Pliage Longchamp, une
banderole déchirée, une voiture indienne bon marché (la Tata Nano). Elle
publie en 2014 La course ou la ville (Seuil) un récit-enquête sur les
chauffeurs-livreurs en Île-de-France. Cet ouvrage paraît dans la collection
lancée par l’historien Pierre Rosanvallon, « Raconter la vie ». Les ouvriers
du transport incarnent eux aussi les contradictions contemporaines : « Aux
yeux des citadins, ils apparaissent comme des gêneurs : déclencheurs
d’embouteillages, pollueurs. À eux de concilier l’inconciliable : le stress
des automobilistes et les exigences du client, l’impatience du consommateur et
l’aspiration à la tranquillité des riverains », résume l’éditeur. L’auteure
indique avoir voulu documenter « l’envers de la fluidité ».
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