Le Moineau rouge

Jason Matthews

Points

  • Conseillé par
    16 septembre 2017

    Du grand espionnage

    Un homme qui a opéré durant trente-trois ans dans un grand service de renseignement, espionnant l'ex-URSS puis la Russie, dirigeant des actions clandestines dans le sud-est asiatique ou au Moyen-Orient, a forcément accumulé une expérience et des connaissances hord du commun. Déjouer une filature, rencontrer un contact sans être vu, franchir une frontière sans passeport, garder un agent double sous sa coupe... Jason Matthews sait faire tout cela. Et il avait envie de nous en faire profiter.

    La retraite venue, ce vétéran de la CIA, qui vit en Californie mais dont la biographie reste forcément pleine de trous, a eu le clavier qui le démangeait. Ecrire des mémoires ? C'était, sécurité oblige, s'exposer à l'autocensure et à la censure de son ancien employeur, donc édulcorer son récit. Il a choisi la fiction. Et là, surprise : cet ancien officier au physique passe-partout de cadre sup se révèle plutôt doué. Pour juxtaposer les intrigues, typer les personnages, ménager des rebondissements, des respirations et des chutes, il assure.

    Cela donne un des meilleurs romans d'espionnage qu'on ait lus ces derniers temps. " Le moineau rouge ", c'est une jeune et belle Russe surdouée qui, à l'ère de Vladimir Poutine, a quelques revanches personnelles à prendre. Elle hait en secret ce régime qui l'a privée de son père et d'une carrière de danseuse classique. Mais elle se laisse recruter par un oncle maître-espion afin d'y gagner du pouvoir, de l'autonomie, peut-être un avenir. Elle traverse ses années d'apprentissage comme un cauchemar éveillé, où les formateurs testent sa volonté autant que ses capacités intellectuelles. L'auteur reste plus évasif sur la formation côté américain...

    Lorsque le moineau s'envole enfin, c'est pour approcher un homologue US en poste à Helsinki. Sa mission : lui soutirer le nom de la taupe haut placée qui, depuis Moscou, informe la CIA. Le jeu se complique lorsque l'espion américain, sachant parfaitement qui elle est, entreprend de la faire changer de camp. Dans leur jeu de séduction réciproque et de manipulation à tiroirs, qui rebondit entre la Finlande, la Russie, la Grèce, les Etats-Unis et l'Estonie, ces Roméo et Juliette de la nouvelle guerre froide sont entourés d'officiers, de guetteurs, de tueurs qui semblent sortis tout droit du passé de Jason Matthews. Des seconds rôles plus vrais que nature.

    D'un bout à l'autre, des rencontres nocturnes dans les rues de Moscou jusqu'au dénouement sur un pont embrumé entre l'Est et l'Ouest, on reste suspendu au sort de la belle Dominika Egorova. Même si le suspense pâtit un peu des recettes culinaires ponctuant chaque chapitre et censées lui donner une couleur locale. Même si - on ne se refait pas - l'auteur ne s'embarrasse pas de nuances pour décrire ses adversaires d'hier, à commencer par leur président. Il reste que Jason Matthews trouve un ton inédit, mêlant romanesque et expérience du terrain, pour nous faire comprendre ce qui fait courir ces hommes et femmes de l'ombre et nous livrer les clefs de leur bataille invisible.

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  • Conseillé par
    20 novembre 2016

    Repéré par des guetteurs lors d'une rencontre avec son contact à Moscou, Nate Nash, jeune agent de la CIA, prend tous les risques pour protéger l'identité de MARBRE, ce haut dignitaire du SVR, les services secrets de Vladimir Poutine, qui renseigne les américains depuis quatorze longues années. Mais si Nate a sauvé son contact, sa couverture est désormais grillée en Russie. Il est envoyé à l'agence d'Helsinki, une voie de garage pour sa carrière qu'il imaginait brillante et qui est plus que compromise. Pour se racheter, il lui faudrait recruter LA bonne personne, un officier russe, détenteur de sérieux renseignements et prêt à jouer les agents doubles. Il est loin de se douter que dans le camp adversaire, l'idée est à peu de choses près la même. Nash connaît l'identité de MARBRE, Nash doit être ''retourné'' et livrer un nom. Pour cela, le SVR possède une arme redoutable : la belle Dominika Egorova, une espionne débutante mais formée à l'école des moineaux où l'on apprend toutes les ruses de la séduction pour envoûter, piéger et compromettre les hommes de l'Ouest.

    Fort de son expérience d'officier de la CIA, Jason Matthews nous plonge dans le monde trouble de l'espionnage et du contre-espionnage pour un roman plus vrai que nature qui réveille les fantômes de la guerre froide. Entre mensonges et manipulations, ces hommes et ces femmes qui évoluent à l'Est ou à l'Ouest ont finalement les mêmes préoccupations : s'emparer des secrets de l'autre, recruter des agents doubles, débusquer les taupes. Pour ceux qui ont fait le choix de trahir leur pays, les motivations sont diverses, une revanche à prendre ou la vénalité, mais le danger est le même...Ce cocktail d'adrénaline, de tensions, de dangers et de peur est ici adouci par l'attirance que ressentent l'agent de la CIA et la belle espionne russe. Mais les sentiments ont-ils leur place dans ce monde de faux-semblants et de dissimulation ?
    Grâce à des personnages, attachants ou détestables, bien campés, un sens de l'intrigue et du suspens bien maîtrisé, Le moineau rouge est un roman d'espionnage qui n'ennuie jamais et qui est une mine d'informations sur cette guerre du renseignement que se livre les Etats-Unis et la Russie. S'il se déroule de nos jours, sous Poutine, il pourrait tout aussi bien dater d'une trentaine d'années. La guerre froide a changé de nom mais pas de visage, ni de méthodes. Un excellent divertissement et un couple d'espions qu'on aura plaisir à retrouver dans d'autres aventures.