Littérature -.

Le Livre de poche

8,40
Conseillé par (Libraire)
13 mai 2024

Le silence des fantômes

« Le gras du ciel libère d'épais flocons qui nappent peu à peu la nature endormie. »

Dès les premiers mots de L'homme peuplé il ne fait aucun doute que nous sommes sur le territoire littéraire de Franck Bouysse. Cet écrivain corrézien a su en une dizaine de romans imposer une écriture reconnaissable. Son amour des mots, l'attachement à un territoire magnifique dans son âpreté, sa sensibilité et son observation juste de la psyché humaine, sont autant de qualités que l'on retrouve dans son dernier roman. D'aucun diront qu'il y a du Faulkner ou du Bergounioux dans ses romans. On pourrait trouver d'autres références chez les grands auteurs américains qui aiment à peindre ces personnages taiseux, vivant à la marge, ou chez les français, ceux dont la plume a puisé dans cette terre ingrate. Mais c'est nourri de ces références, perché sur les épaules de ces géants, que Franck Bouysse a su creuser son sillon et nous emporte avec lui à nouveau hors des sentiers battus.

Un huis clos à ciel ouvert, où les passions exacerbées se mêlent aux malédictions, pour éclater dans une tragédie dont la noirceur comme la lumière sont à chercher au fond du cœur des hommes et où les bêtes ne sont pas celles que l'on croit.

Magnifique!

Aurélie

8,30
Conseillé par (Libraire)
13 mai 2024

Encore un peu

Ah, l'amour ! Avec un grand « A ». Cet amour qui nous fait perdre la tête, pour lequel nous serions prêts à tout ! À tout ? En êtes-vous sûrs ? La lecture de ce roman pourrait bien bousculer quelques certitudes en vous ! Attention émotions fortes garanties !

Il n'aura fallu qu'un seul roman, La Vraie Vie, pour que son nom circule sur toutes les lèvres des libraires et des lecteurs. Un second, Kérozène, pour confirmer son talent à peindre des vies avec lucidité, humour et une pointe de piquant. Alors l'attente était grande. Sur quels chemins escarpés allait-elle nous amener ?

Adeline Dieudonné nous tend cette fois-ci une main qui caresse et frappe, droit au cœur. Nous prenons la route d'un chalet près d'un lac qui abrite les amours clandestines d'une femme et de son amant « M. ». Celui qu'elle « aime ». Ce secret qu'elle protège. Car dans cette relation, la narratrice est la maîtresse de cet homme. Une relation qu'elle chérit d'autant plus que son parcours d'amoureuse, d'amante, ne s'est pas toujours réalisé sans heurts. Quand ce n'était pas son cœur qui était meurtri, c'était son corps. Premier flirt, amant de passage, ex-mari : des prénoms, des histoires qu'elle raconte dans ses lettres. Une correspondance destinée à la femme de son amant. Pourquoi a-t-elle décidé de s'adresser à elle ? Pourquoi ces lettres ?

Car lorsque le roman débute, M. vient de mourir. Un matin, il s'est levé, est allé nager dans le lac et, ne le voyant pas revenir, la narratrice a regardé par la fenêtre, a vu son corps flotter. Crise cardiaque. Soudaine. Brutale. La fin qui arrive d'une manière violente. Mais elle ne peut se résoudre à quitter son amant si vite, à laisser son corps aux mains des autres, à mettre fin à cette parenthèse enchantée, cette histoire pleine de vie, d'amour, de passion, de tendresse. Elle décide de garder son amant près d'elle, encore un peu, ce « un peu » qu'elle ne peut définir, qu'elle ne veut pas formuler. Elle veut pouvoir le garder pour lui dire au revoir correctement, être maîtresse de cet instant qu'on vous vole généralement, pressé par tout un tas d'obligations morales, éthiques, administratives. Un rituel bien rodé où l'on peine à trouver sa place. Durant ce moment qu'elle prolonge avec son amant, elle écrit cette relation pour mieux lui donner corps. Mais aussi sa vie passée, sa vie de femme, de mère, les doutes sur ses choix, le regard sur ce corps qui change et ne correspond peut-être pas à ce que l'on veut.

D'une histoire d'amour et d'un drame, Adeline Dieudonné raconte avec justesse ce que l'on n'ose exprimer, le plus intime de l'intime, les tabous, les fantasmes, ce qui anime toute une vie, une vie intérieure, profonde, immense où les sentiments sont complexes. Un roman qui ne pourra sûrement pas laisser indifférent !

Aurélie (pour Page des Libraires)

L'Iconoclaste

18,00
Conseillé par (Libraire)
13 mai 2024

Être mère ?

Être mère, est-ce une évidence ? Un choix ? Une décision pour soi ?
À quel moment le devient-on vraiment ? Avant de tomber enceinte, durant la grossesse, à la naissance ou plus tard ?

Loin des clichés sur la maternité, la grossesse, le post-partum, 7 autrices nous racontent leurs expériences, leurs réflexions sur ce que c'est d'être mère. Est-ce que cela a changé leur vie, les a changées, a appaisé ou augmenté leurs angoisses, pour leur enfant, pour l'avenir, pour la planète ?

À l'heure où le corps des femmes continue d'être encore parfois réduit à son seul pouvoir de procréation lorsqu'on parle de réarmement démographique. Où une femme de 30ans, en couple, entend encore systématiquement "et le bébé, c'est pour quand ? ".
Rappeler qu'être une mère n'est pas une évidence, mais un choix.
Rappeler qu'être enceinte n'est pas une maladie.
Rappeler ce que traverse une femme qui enfante et pas seulement dans les deux jours qui suivent l'accouchement.

Un ouvrage précieux à (s')offrir !

Aurélie

Conseillé par (Libraire)
16 avril 2024

Gentlemen's Club ?

Après son brillant essai "Défaire le discours sexiste dans les médias", Rose Lamy (@Préparez vous pour la bagarre) poursuit son analyse de la société et du discours, médiatique & politique, concernant le sujet des violences faites aux femmes (des agressions aux féminicides).

Elle y montre comment le système patriarcal, ce club des "bons pères de famille", a mis en place toute une mécanique et un discours pour se protéger, maintenir le silence sur ces drames, voire parfois les minimiser ou les excuser.

Un essai qui mêle un récit personnel glaçant et permet de prendre conscience de ce système pour mieux le dynamiter !

Aurélie & France

suivi de Skin

Sarah Kane

L'Arche

14,00
Conseillé par (Libraire)
15 avril 2024

Un ultime cri de rage

"S'il vous plaît. N'éteignez pas ma tête en voulant me remettre les idées en place. Écoutez-moi, comprenez-moi, et quand vous ressentirez du mépris n'en dites rien, du moins pas verbalement, du moins pas à moi."

4:48 Psychose est un texte de l'urgence, un ultime cri de rage, un dernier cri de raison qui bouleverse inévitablement. Le poème de Sarah Kane résonne, cogne davantage dans cette traduction de l'artiste queer Vanasay Khamphommala qui rend vie à sa langue originale et à sa subversivité.

Lucile